Revoilà les pommes de Guy Grilleau

 

ph1Je suis sur, qu’à la dernière distribution, plusieurs d’entre vous se posaient la question :

Des pommes comme ça, ça ne peut pas être bio !!!

Mais comment fait Guy pour nous proposer ses belles pommes ?

C’est lors de la visite de ce samedi matin de septembre que nous avons compris pourquoi.

Guy nous a raconté une grande partie de sa vie d’arboriculteur, ses désillusions en production conventionnelle, son choix, il y a 10 ans d’explorer d’autres façons de faire et de donner un sens à son métier de producteur de pommes.

S’il produit des belles pommes, c’est déjà qu’il a choisi les bonnes variétés : celles qui ont bon goût, qui sont tolérantes à la tavelure, mais aussi au puceron cendré et qui se conservent bien.

Choisir, c’est tester. Aujourd’hui, il a 25 variétés , avant il en avait une dizaine, celles portées par le marketing commercial : l’exemple type, c’est la variété Pink Lady que Guy appelle « grande cavalerie ».

Elle était productive mais très sensible aux maladies, il fallait traiter toutes les semaines, sa récolte se faisait en novembre quand les conditions climatiques étaient humides, donc les sols étaient matraqués par le passage des tracteurs… un vrai champ de bataille. La Pink Lady était la seule rentable, mais son mode de production était excessif.  Quelle satisfaction pour Guy de ne plus la produire !ph2

A terme, après observations, il gardera une quinzaine de variétés bien adaptées aux besoins et goûts de ses consommateurs.

S’il a de beaux fruits, c’est qu’il est toujours en recherche d’équilibre dans son verger. C’est déjà la taille pour faire entrer la lumière, pour équilibrer la structure de l’arbre, pour équilibrer la fructification. On apprend que dès le mois de juillet la plante prépare ses boutons floraux pour l’année suivante! On apprend que l’éclaircissage se fait manuellement et que, cette année, cela a duré 2 mois ! L’occasion aussi d’éliminer les fruits abîmés ou malades. 

S’il a de beaux fruits, c’est qu’il passe du temps à observer, à comprendre, ce qui se passe dans ce milieu et essayer de trouver des solutions : ce n’est pas toujours facile et il y a des limites.

Le carpocapse, le ver de la pomme, est une problématique délicate et quelque fois incontrôlable dans un verger bio; la lutte principale repose sur la pose de diffuseurs (confusion sexuelle) limitant l’accouplement des papillons et  un insecticide biologique (la carpovirusine). Ces deux techniques sont efficaces tant que la présence des papillons est raisonnable.

Avec la LPO, Guy a installé des nichoirs à mésanges. Les mésanges vont se régaler des chenilles de carpocapse. Elles sont une aide surtout en début et fin du vol des papillons  mais bien insuffisante pendant le pic de vol. Leur action peut être précieuse si elles éliminent les premières souches de chenilles tolérantes à la carpovirusine et elles se nourrissent aussi de bien d’autres chenilles (tordeuses…).
Autre exemple, une partie du verger est en enherbement total pour protéger la structure du sol, améliorer la portance pour les tracteurs, favoriser la biodiversité du milieu. Comment entretenir cette herbe ? Ce sont les moutons qui vont le faire, mais en choisissant une race qui a un système dentaire pas trop agressif pour ne pas gratter l’écorce et une taille moyenne pour ne pas croquer les pommes du bas de l’arbre. Guy a une race adaptée, quoique …..il a surpris un mouton dressé sur ses pattes pour abaisser une branche pendant que ses compères grignotaient les pommes….adaptabilité permanente aux conditions du milieu.

S’il a de beaux fruits… il faut venir rencontrer Guy dans son verger pour comprendre.

Nous avons découvert que la pomme bio est une réalité. Qu’elle exige une somme énorme de travail intelligent. Guyn avec ses collègues bios, est en recherche permanente, le réseau est vital pour trouver les réponses aux questions et problèmes rencontrés.

La récolte 2013 est bonne ; un printemps froid et humide défavorable aux insectes, de bons choix, du bon travail.

C’était un bonheur d’écouter Guy nous raconter son métier passionnant.

 

A la prochaine visite, ce sera peut-être Baptiste, son fils qui reprend le flambeau, qui nous guidera.

 

30/09/2013 Jean-François H.