Au Gaec des trois poiriers, nous produisons du lait et nous le transformons pour vous tous Amapiens, mais les deux tiers de notre lait (lait écrémé pour le beurre des Amaps, lait du week-end et des vacances) est collecté par un groupement de producteurs dont nous ne sommes pas peu fiers. Nous voulions par ces quelques lignes vous donner un aperçu de la dynamique à laquelle nous participons, et des débats de politiques agricoles qui nous animent.
En 1994, 6 producteurs de lait bio ont lancé le groupement de producteurs Biolait qui s’était donné pour mission de collecter le lait bio en commun et de le proposer à des transformateurs. Depuis, la Bio a beaucoup évoluée avec des hauts et des bas. Les consommateurs sont de plus en plus demandeurs et les différentes crises sanitaires leurs donnent raison. Le slogan de notre groupement de producteurs est : « la bio partout et pour tous ». Slogan qui tente de s’imposer dans le paysage laitier bio (seulement 1,5% de la collecte de lait en France). A ce jour sur les 1 600 fermes laitière bio de France, 550 sont adhérentes à Biolait. Avec une logistique souple et adaptée (46 salariés), nous approvisionnons plus de 45 clients, de la fromagerie artisanale aux plus grands opérateurs régionaux et nationaux.
Ces derniers mois, nous avons, comme à l’accoutumée dans beaucoup de secteurs, connu un désengagement des pouvoirs publics pour gérer les volumes de lait qui étaient jusqu’à ce jour régentés par les fameux quotas laitiers (depuis 1984). D’abord, outil de régulation puis outils de restructuration, les quotas laitiers ont participé au fil du temps à redessiner les espaces ruraux (les aides européennes réparties inéquitablement y ont aussi beaucoup contribué). Agrandissements et disparitions de fermes sont devenus coutumiers. Il est prévu en 2015 la fin des quotas laitiers, ou plutôt une gestion de ceux-ci par les laiteries. On imagine bien le vent de libéralisme qui va encore souffler sur nos paysages. Le Ministre de l’agriculture sortant à engagé une politique de contractualisation incitant les producteurs à signer avec leur laiterie pour une durée de 5 ans. Autant dire que tous ces producteurs seront pieds et poings liés à la politique de leur laiterie.
Tout ceci s’est effectué dans le plus grand mépris du fait que la production laitière est structurante pour nos territoires ruraux. Pas un seul débat sur ces questions n’a été abordé à l’Assemblée Nationale.
Biolait est, de par son projet fédérateur, un groupement qui contractualise en jouant une totale transparence sur les prix (ce qui n’est pas le cas des laiteries privées et coopératives).
Voici donc brièvement évoqué les dossiers brulants qui illustrent notre motivation à être à Biolait. Si en tant qu’Amapien, vous voulez soutenir une structure qui nous fait aussi vivre au Gaec achetez le lait qui vous manque de temps en temps dans les biocoops ou sous la marque Ubio. C’est du lait de Biolait. Si le coeur vous en dit nous pouvons continuer la discussion lors des distributions en Amap… comme pour le lait en fontaines nous sommes intarissables sur le sujet.

Alain Guiffès