La fin des quotas laitiers…silence, on élimine !
Depuis 1984, la production laitière en Europe est régentée par les quotas laitiers. Pour éviter de crouler sous les stocks de poudre et de beurre, il fallait que les pouvoirs publics interviennent. La référence produite en 1984 devenait donc, pour chaque ferme, son quotas à ne pas dépasser sous peine de sanctions financières. Très vite, les laiteries (privées ou coopératives, industrielles ou artisanales) se sont saisies du système. Ainsi, elles ont régenté les références des fermes. Il s ‘en est suivit une restructuration en incitant aux départs des plus petites fermes par des aides financières. Au passage les pouvoirs publics ont donné une « valeur » aux quotas en donnant ces primes de cessation. Celles-ci ont servi par la suite à des transactions opaques lors des transmissions de fermes.
La concentration de la production a mené au paysage laitier d’aujourd’hui (108 000 fermes laitières en France en 2003 pour 70 000 en 2012 et 50 000 en 2020 ?) . Les populations tout comme les élevages se sont « hors-solisées ». Pour répondre à l’urbanisation, il a fallu industrialiser et concentrer la production. Les fermes sont devenues de plus en plus dépendantes de leurs fournisseurs et des banques. En défaveur du pâturage, les systèmes de production se sont tournés vers une alimentation des vaches au maïs nécessitant des intrants importés d’Amérique (1hectare de soja là-bas pour 1 hectare de maïs ici). Ce système condamne des forêts ancestrales à être brûlées pour des cultures d’exportations OGMisées.
En 2015, les Etats européens se sont mis en accord pour arrêter les quotas. Ceci au profit d’une régulation par le marché via des contrats entre les laiteries et les producteurs.Ce changement est susceptible d’engendrer une augmentation des volumes de production, une baisse du prix du lait et une concentration territoriale de l’offre. A l’échelle des exploitations laitières de l’Ouest de la France (10% du lait européen), une telle évolution pourrait également se traduire par une spécialisation accrue et une intensification des systèmes de production.On voit poindre des projets de fermes usines!!!
Comment se situe le Gaec des trois poiriers dans cette spirale?
Nous livrons les deux tiers de notre lait au groupement de producteurs Biolait. C’est une SAS qui a pour volonté de voir la Bio partout et pour tous. C’est un organisme de collecte sur plus de cinquante départements qui vend le lait de ses producteurs à une centaine de clients de toutes tailles sur les territoires français et en Europe. A partir du 1er avril, la SAS biolait avec laquelle nous sommes en contrat, pourra indiquer en début d’année selon le marché les volumes que chaque ferme pourra produire en fonction de sa référence historique. Pour de nouveaux projets d’installation, la SAS Biolait aura des volumes disponibles. Ainsi les années peu porteuses, Biolait pourra inciter les producteurs à baisser leur production et vice versa en années plus fastes. Notre particularité de groupement de producteurs nous permettra de maintenir la production laitière bio en système économe, autonome, respectueux des Hommes et des espaces. La tâche est lourde face au rouleau compresseur du système intensif libérale.
Pour ce qui est de l’autre tiers de notre production nous étions soumis à un quota de vente en directe qui n’existera plus. A partir du 1er avril : No limit ! Mangez du fromage en AMAP…
Alain Guiffès
Gaec des trois poiriers