PETIT_GAEL2_YE_929938_PLHEric Taraud, patron du « Petit Gaël II », et son équipage. Le nouveau bateau leur offrira plus de confort, notamment en terme d’exposition au bruit. Il est le premier navire de pêche artisanal à respecter les nouveaux décrets français issus des directives européennes.

Le bateau de 18 m a été mis à l’eau, samedi, aux Sables. Aucun autre navire de pêche n’avait été construit par le chantier Ocea, depuis 2003. Un événement pour le monde maritime.
« On est partis de loin mais on l’a fait. » Eric Taraud, patron de pêche de l’Ile-d’Yeu, a partagé son émotion, samedi matin, avec la communauté maritime sablaise et islaise. « Petit Gaël II », son premier bateau neuf, dont il est copropriétaire avec l’Armement coopératif artisanal vendéen (Acav), vient de sortir du chantier Ocea, aux Sables-d’Olonne.

Sur le port, fièrement dressé, le fileyeur polyvalent bleu et blanc de 18 m est prêt. Sa mise à l’eau, loin d’être anodine, ne se limite pas à quelques manipulations techniques. Dans un contexte de contraintes toujours plus fortes pour la pêche, c’est un défi relevé, contre vents et marées.
Un nouvel espoir pour des vies consacrées à la mer. « C’est encourageant. Il faut avancer. J’ai 45 ans mais il y a des jeunes derrière », souligne Eric Taraud, également président du comité local des pêches de l’Ile-d’Yeu et patron du canot SNSM de l’île.
« Le Petit Gaël II », c’est aussi le « bébé » tant attendu d’Ocea, spécialiste de la construction navale aluminium, qui fêtera l’an prochain, ses 25 ans d’existence. Aucun autre navire de pêche n’avait été livré par le chantier sablais depuis 2003. « Et la dernière construction de fileyeur remonte à 12 ans », explique Fabrice Epaud, directeur commercial. Autant dire que ce projet lui tenait à coeur. « On revient aux racines. » Après avoir franchi de nombreux obstacles.
Un condensé de savoir-faire
La première difficulté, pour l’armateur, a été d’obtenir « le permis de mise en exploitation. » Tout s’est débloqué au dernier trimestre 2010. « La construction a commencé en novembre. » Il restait à franchir une deuxième étape : la mise en place du financement, lié à la vente du fileyeur en acier de 22 m d’Eric Taraud, Le « Petit Gaël. » « Cela a été un concours de circonstances. Quelqu’un s’est porté acquéreur », raconte Eric Taraud.
Le « Petit Gaël », devenu « Argentario », est désormais exploité aux Sables. Et la construction de son successeur, qui représente un investissement de 1,5 million d’euros, a pu aboutir.
Le fruit d’une étroite collaboration entre Eric Taraud, son équipe, et le bureau d’études d’Ocea. « Ils nous ont expliqué comment ils travaillaient à bord. Deux personnes du bureau d’études ont embarqué pour une campagne de pêche avec Eric, afin d’optimiser la construction », indique Fabrice Epaud.
Le résultat est là : « Un vrai condensé de savoir-faire et de petites astuces, un très bel outil de travail. » Et l’honneur, pour le personnel d’Ocea, de monter à bord du « Petit Gaël II » pour les premiers essais en mer, le 26 décembre.
Béni le jour de la Saint-Gaël
Destiné à la pêche aux filets à merlus et à soles mais aussi, l’été, à la pêche au thon germon à la long line, le navire a été entièrement construit en aluminium. « Il maintient la capacité de capture du bateau de 22 m, avec plus de confort pour l’équipage, une économie de consommation de gas-oil de l’ordre de 30 %, moins de frais d’entretien. » Sans oublier son faible tirant d’eau lui permettant de débarquer sa pêche dans tous les ports vendéens, quels que soient le coefficient et l’heure de la marée.
Mis à l’eau le jour de la Saint-Gaël, le bateau dont le nom rassemble les initiales du prénom des enfants d’Eric Taraud, Gaël, Allison, Elène et Landry, a été béni par Bernard Tesson, âgé de 86 ans. Pour l’ancien curé de l’île d’Yeu, aumônier des marins pendant 42 ans, « cette bénédiction est une fête, pleine d’espérance. » Le lancement d’un bateau de pêche représente « une garantie de travail. Ce regain de vitalité fait plaisir. »
Le « Petit Gaël II », après ultimes finitions et essais, sera livré à son armateur, le 30 décembre. Il larguera les amarres pour rejoindre son port d’attache à l’Ile-d’Yeu.

Laurence MONARD. Ouest-France

 

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